31 août 2011

Enjeu : la diversité

La diversité des cultures est une des caractéristiques remarquables des fermes maraîchères biologiques. Alors que pour maximiser sa productivité l’agriculture conventionnelle a choisi la voie de la spécialisation, que font ces agriculteurs qui vont à contre-courant? Ce qui n’apparaît pas à première (et courte) vue comme rentable d’un point de vue strictement économique l’est pourtant extrêmement à plusieurs autres niveaux. Explications.

Le choix de cultiver une grande variété de légumes (pratiquer la polyculture) est fondamentalement lié au soucis de protéger l’environnement et au mode de mise en marché des petites fermes.

Protéger l’environnement  
La diversité des cultures est la principale solution au défi technique que représente l’agriculture sans pesticide  ni engrais chimiques de synthèse qui sont des polluants majeurs bien connus*. 

Face aux parasites et aux maladies, la diversité disperse le risque de perdre des récoltes tout en rendant improbables les infestations majeures qui mettent en péril les grandes monocultures. De plus, la préservation de la faune et de la flore environnante, avec tout son éventail d’espèces, créé une forme de résistance naturelle aux parasites. Ainsi contourne-t-on la dépendance aux pesticides polluants.

Dans son travail constant pour maintenir la richesse du sol sans faire intervenir les engrais de synthèse, l’agriculture biologique s’appuie encore sur la diversité des cultures. C’est en effet l’alternance et la rotation des cultures dont les besoins en nutriments et les effets sur le sol diffèrent qui évite de l’épuiser et même le regénère avec les engrais verts. Qui dit alternance dit différentes cultures!


Mise en marché
La vente directe aux particuliers et la commercialisation en circuit court encouragent fortement une offre de produit diversifiée, complète et alléchante! La variété des cultures répond à cette attente des consommateurs et s’inscrit donc dans le modèle d’affaire.

Dans ce contexte, la culture de variétés de plantes délaissées par la grande industrie redevient intéressante pour avoir une production étalée dans le temps et adaptée aux caractéristiques du terrain. La diversité des cultures s’élargit au point de participer à la préservation de variétés menacées de disparition comme les 75% des variétés agricoles cultivées dans le monde qui ont disparu depuis 1900 selon la FAO (source : Solange Lévesque «Pour la sauvegarde du patrimoine végétal» Le Devoir, 21 mars 2003, p.B8, dans Waridel, 2003)

La diversité, associée au circuit court ou la vente directe aux citoyens, aide ainsi des exploitations agricoles de petites tailles à être rentables. L'autonomie financière de ce genre d'entreprise contraste avec certaines grandes entreprises qui dépendent largement des subventions gouvernementales.

Mécanisation et travail manuel  
La polyculture limite bien sûr la mécanisation du travail car les coûts associés à la machinerie spécialisée sont trop élevés par rapport aux revenus de chaque culture.  Par contre puisque les agriculteurs du biologique veulent réduire au maximum leur dépendance aux énergies non renouvelables comme le pétrole, ce qui apparaît à première vue comme une limitation technique constitue en fait un avantage environnemental.

Si privilégier la diversité des cultures est extrêmement complexe au quotidien, cela diminue assurément les coûts environnementaux de l’agriculture biologique!


*À propos de la pollution associée aux pesticides et engrais de synthèse voir :  Équiterre, Choisir l’avenir, se choisir. Mémoire présenté à la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québecois, juin 2007, p.22 à 25
Équiterre. Les impacts négatifs de notre système alimentaire actuel, août 2007


Pour avoir une idée de la diversité sur le terrain, regardez un plan des champs en juillet!


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Août, résumé


C'est un peu vertigineux... Cinq mois pleins déjà que nous travaillons à temps plein aux cultures de l'année. Nous avons semé, transplanté, récolté et distribué des dizaines de milliers de plants (pour plus de détails, voir Les Repères). Nous en sommes à peine à la moitié de la saison des paniers hebdomadaires pour les partenaires de la ferme. Nous arrivons seulement aux premiers poivrons et oignons. Les melons font des heureux avec leurs couleurs et leurs saveurs fabuleuses. C'est le temps des tomates et bientôt le retour des plantes de fraîcheur comme la roquette et les pois sucrés. 

En survol, le mois d'août me semble être celui de la routine qui s'installe. Les transplantations et le désherbage se font plutôt rares, remplacés par les récoltes, de plus en plus abondantes. Presque comme un rituel, Siméon, Rolando, Victor et Luis (les ouvriers) récoltent tomates, courgettes et concombres de façon quasi quotidienne. À elles seules, les tomates prennent plusieurs heures à récolter, une à une, sans parler de la préparation des jolis casseaux de tomates cerises qui nous permet d’offrir aux partenaires un joyeux mélange de couleurs.

Août... il y a le contre-coup de la canicule malgré les efforts de François qui se démène pour bien irriguer ses champs. Le manque d'eau a des effets connus des agriculteurs, mais inattendus pour les néophytes! Côté laitue,  le stress de la canicule a provoqué une montée en graine générale y compris de celles qui devaient être dans les paniers du mois d’août puisque les laitues croissent environs un mois dans les champs avant d’être prêtes. Côté poivron et tomate, j'ai parlé des taches noires qui se forment quand le fruit est en formation. Rassurez vous, ce ne sont que les premiers poivrons à mûrir sur les plants qui sont affectés. Il y en aura d’autres et de jolis ! Ceci dit, la récolte est belle en général, l’expérience de François paie. Carottes, échalottes, betteraves, oignons, bettes à carde, kales, aubergines, melons, courgettes et d’autres légumes encore sont au rendez-vous, beaux et délicieux.


Avec toutes ces histoires, je comprends mieux à quel point la météo influence à long terme la production agricole, à quel point aussi nous sommes peu conscient du processus de développement et de maturation des légumes que nous mangeons. Je suis la première étonnée de dire, samedi dernier, que nous avions peu de laitue à cause de la canicule. C'est une nouvelle conscience du temps que prennent les choses.

Le mois d'août c'est aussi Irène qui s'amène à grande eau! L'ouragan a laissé ses traces dans le dernier lot de courgettes et de concombres. Nous avons creusé des rigoles entre les rangs pour aider, mais le soleil ne revient pas, la terre ne sèche que très lentement. Les pieds dans l’eau, ces plants plutôt fragiles ne sont pas heureux du tout.

27 août 2011

Seulement

Un chou encore tout petit au coeur de ses grandes feuilles

25 août 2011

Nocturne

J'ai été absente de la ferme pendant cinq jours, une éternité. Les couleurs d'automne se sont ajoutées aux champs pendant ce temps. Je suis donc de retour comme dans une autre saison. 


Avec les jours qui raccourcissent et la fraîcheur des nuits, nous en sommes aux dernières chances pour semer certaines plantes. Hier, c'était le retour de la roquette attendue depuis le printemps et celui des épinards qui n'aiment pas les grandes chaleurs d'été. Avec la pluie promise aujourd'hui et le temps qui passe vite, François voulait absolument semer les verdures hier soir. Préparer les sols, ajuster le semoir... Il s'est retrouvé au coucher du soleil à n'avoir pas terminé ses rangs.

Seul dans le noir avec sa lampe frontale, il a obstinément semé les épinards qui nous régaleront en octobre. Semis nocturnes pour un François qui philosophait en rigolant «Je suis agriculteur après tout!»

23 août 2011

Maïs


Les inattendus : mur à mur

Le tiers de la livraison du jour
Avant chaque livraison, les caisses s'empilent, pleines de légumes lavés, comptés et refroidis. Le vieux camion réfrigéré qui fait office de frigo en est rempli, mur à mur! Impossible, désormais, d'ignorer toute notion de quantité, de poids (tout ça se transporte à bout de bras!) et de volume... Nos muscles et nos yeux mesurent chaque semaine l'ampleur de la tâche.

Chargement du camion

17 août 2011

Les inattendus : noircir

Malgré tous nos efforts, les premiers poivrons et tomates ont manqué d'eau au cours du dernier mois. Résultat, pour moi étonnant : une tache noire se forme au bout des fruits qui s'étend... et pourrit.  Ainsi marqués par la sécheresse, ils sont pour nous perdus. Rassurez-vous, tous les nouveaux fruits sur les mêmes plants se portent bien. Nous aurons de beaux poivrons comme nous récoltons de belles tomates depuis quelques semaines!



16 août 2011

Irrigation


Les belles journées ne sont pas toujours celles qui sont ensoleillées. La pluie, les agriculteurs l'attendent et l'espèrent, car elle est à la base du cycle de la vie et car personne n'aime avoir à étendre les tuyaux, sortir le canon à eau ou installer un système fixe d'irrigation. C'est long, coûteux et compliqué tout raccorder avec les joints, embouts et valves... Les petites fermes comme celle des Bontés de la Vallée ne sont généralement pas équipées pour pouvoir irriguer l'ensemble des cultures d'un coup s'il le faut. Ici, nous avons un seul canon à eau et deux jeux de tuyaux qu'il faut donc déplacer régulièrement d'une parcelle à l'autre lorsque la pluie se fait attendre.

La pluie est maintenant revenue, mais au cours du dernier mois, il n'a presque pas plu à Franklin. Les quelques orages qui ont eu lieu n'ont mouillé que la surface du sol. À deux pouces de profondeur, la terre était sèche, complètement sèche. François a donc passé beaucoup de temps à déplacer l'irrigation pour ne pas perdre ses cultures. Malgré tout, le manque d'eau s'est fait sentir parfois... 

Au-delà des périodes sèches comme on vient d'en connaître une, il est aussi essentiel d'arroser les plants lorsqu'on les transplante. Dans la mesure du possible, les transplants sont donc fait les jours où on annonce de la pluie ou la veille. Il faut bien profiter de la manne!

14 août 2011

Les repères : calendrier des semis

Un résumé des semis depuis le début de la saison... Suite de la série des «Repères».

(Cliquez sur les images pour les agrandir)


10 août 2011

Intervalle

À deux mois d'intervalle, la serre. 27 mai et 3 août.


08 août 2011

Carottes


Début août

À gauche, le maïs sucré, la camomille et le basilic. Au centre, quelques rangs de haricots en fleurs. À droite, sur le bio-plastique, les concombres et courgettes qui seront prêts cet automne. En photos, il y a les fleurs de haricots peu de temps avant la récolte et trois oignons semés au départ dans une même cellule qui se partagent maintenant l'espace dans le champs. Et il y a François qui arrose encore tous les jours les semis dans la serre maintenant presque vide.




06 août 2011

Enjeu : circuit court

L’agriculture biologique est très généralement associée à la commercialisation en circuit court, c’est-à-dire avec au plus un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Par delà la fraîcheur des produits vendus et le plaisir de rencontrer les clients, ce choix d’organisation de l’entreprise répond à plusieurs principes importants dont je soulignerais le soucis de protection de l’environnement, l’autonomie et la solidarité régionale.

Le circuit court, c’est encourager la consommation de produit locaux en mettant en place un réseau de distribution direct comme les marchés ou les paniers hebdomadaires. Cela participe à diminuer drastiquement les dépenses énergétiques et la pollution liées à l’emballage des produits, à leur réfrigération et à leur transport. La formule des paniers encourage par ailleurs la production diversifiée ce qui participe au maintien de la biodiversité agricole et à la souveraineté alimentaire qui met de l’avant la fonction nourricière de l’agriculture avant son aspect commercial.  Ainsi le principe de proximité rejoint-il la volonté de protéger l’environnement.


Derrière le principe du circuit court, il y a aussi une volonté de solidarité et de contacts humains. Le commerce de proximité permet à tous de sortir de l’anonymat. Consommateurs, producteurs et fournisseurs de services ont un visage que l’on connaît et cette reconnaissance est d’une valeur inestimable. Il y a là une façon de concevoir le commerce et l'agriculture loin de la prédominance du profit et de la vitesse...

Par ailleurs, les fermes bios de petites échelles portent souvent en elles une volonté d’autonomie très forte. Autonomie face aux grandes entreprises de l’industrie agroalimentaire qu’elles soient de la filière agrochimique (fertilisants, pesticides), scientifique (OGM, semenciers) ou technologique (toute la machinerie extrêmement sophistiquée). En choisissant la mise en marché locale et directe et la diversité, la plupart des petites fermes biologiques demeurent indépendantes et se gardent d'entrer dans un cycle d'endettement et de dépendances à la machinerie et aux produits chimiques.

Le circuit court c’est aussi la volonté de créer et maintenir de l’emploi localement et d’utiliser les ressources régionales tant pour les matériaux que les produits nécessaires aux activités de la ferme. Avoir des prix décents en vendant directement au consommateur plutôt que d'enrichir par son travail des multinationales sans attaches territoriales, réinvestir son argent sur place à travers les achats quotidiens à la quincaillerie ou l’entretien de la machinerie avec le soudeur... tout ça participe à la vitalité économique régionale.

Au-delà de leur seule ferme, les agriculteurs qui choisissent le biologique sont conscients de participer à un mouvement de fond qui change les habitudes de vie. Quand on sait que 49% des produits alimentaires consommés aux Québec sont importés et que même dans le bio, c’est 85% qui vient de l’étranger (les statistiques sont d'Équiterre), on comprend qu’acheter local peut avoir un impact humain, économique et environnemental important. 

Le circuit court, ce n'est pas de la petitesse, c'est un choix délibéré et sensé.


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05 août 2011

Les inattendus : monter en graine

La canicule et le manque de pluie du dernier mois ont des conséquences remarquables côté laitue! Stressées par la chaleur trop intense et le manque d'eau, elles ne pensent plus qu'à se reproduire avant la mort qu'elles pressentent. Alors elles montent en graine au plus vite histoire d'assurer la survie de l'espèce! Une plante stressée devient amère,  malheureusement pour nous. Une partie de nos laitues est donc perdue, mais nous pouvons toujours sourire de leur fière allure de petit sapin de deux pieds de haut!


02 août 2011

En cours de route

En cours de route, il arrive que la planification ne soit pas suivie à la lettre et qu'on ajuste la production de légumes en fonction des découvertes de la saison. D'un côté, on resème certaines plantes dont le succès est remarquable, de l'autre, on abandonne quelques semis sur les plateaux faute de temps pour les transplanter ou parce ce qu'on leur trouve des défauts importants.

Depuis juin, entre le désherbage urgent et les transplantations de cultures incontournables comme les concombres, nous n'avons pas réussi à transplanter certaines fines herbes.

C'est aussi le cas du deuxième lot d'épinards d'été dont la première culture dans les champs s'est révélée décevante. Les petits plants dans les plateaux sèchent au soleil ... et c'est la vie!



Par contre, dans sa recherche de verdures qui résistent bien aux grandes chaleurs de l'été, François a trouvé deux plantes délicieuses, le pourpier et le malabar. C'est frais, c'est citronné et ça a une belle tête!

Le pourpier est définitivement la découverte de l'année. Il pousse vite et tolère très bien la chaleur. Une culture qui vaut la peine quand le travail s'accumule au-delà de nos capacités!

Nous avons donc ajusté les semis prévus en fonction des succès au champs et auprès des partenaires en semant de nouveau du pourpier, du basilic et davantage de laitues pour compenser à l'automne, celles que nous avons perdues lors de la canicule.