L’agriculture biologique est très généralement associée à la commercialisation en circuit court, c’est-à-dire avec au plus un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Par delà la fraîcheur des produits vendus et le plaisir de rencontrer les clients, ce choix d’organisation de l’entreprise répond à plusieurs principes importants dont je soulignerais le soucis de protection de l’environnement, l’autonomie et la solidarité régionale.
Le circuit court, c’est encourager la consommation de produit locaux en mettant en place un réseau de distribution direct comme les marchés ou les paniers hebdomadaires. Cela participe à diminuer drastiquement les dépenses énergétiques et la pollution liées à l’emballage des produits, à leur réfrigération et à leur transport. La formule des paniers encourage par ailleurs la production diversifiée ce qui participe au maintien de la biodiversité agricole et à la souveraineté alimentaire qui met de l’avant la fonction nourricière de l’agriculture avant son aspect commercial. Ainsi le principe de proximité rejoint-il la volonté de protéger l’environnement.
Derrière le principe du circuit court, il y a aussi une volonté de solidarité et de contacts humains. Le commerce de proximité permet à tous de sortir de l’anonymat. Consommateurs, producteurs et fournisseurs de services ont un visage que l’on connaît et cette reconnaissance est d’une valeur inestimable. Il y a là une façon de concevoir le commerce et l'agriculture loin de la prédominance du profit et de la vitesse...
Par ailleurs, les fermes bios de petites échelles portent souvent en elles une volonté d’autonomie très forte. Autonomie face aux grandes entreprises de l’industrie agroalimentaire qu’elles soient de la filière agrochimique (fertilisants, pesticides), scientifique (OGM, semenciers) ou technologique (toute la machinerie extrêmement sophistiquée). En choisissant la mise en marché locale et directe et la diversité, la plupart des petites fermes biologiques demeurent indépendantes et se gardent d'entrer dans un cycle d'endettement et de dépendances à la machinerie et aux produits chimiques.
Le circuit court c’est aussi la volonté de créer et maintenir de l’emploi localement et d’utiliser les ressources régionales tant pour les matériaux que les produits nécessaires aux activités de la ferme. Avoir des prix décents en vendant directement au consommateur plutôt que d'enrichir par son travail des multinationales sans attaches territoriales, réinvestir son argent sur place à travers les achats quotidiens à la quincaillerie ou l’entretien de la machinerie avec le soudeur... tout ça participe à la vitalité économique régionale.
Au-delà de leur seule ferme, les agriculteurs qui choisissent le biologique sont conscients de participer à un mouvement de fond qui change les habitudes de vie. Quand on sait que 49% des produits alimentaires consommés aux Québec sont importés et que même dans le bio, c’est 85% qui vient de l’étranger (les statistiques sont d'Équiterre), on comprend qu’acheter local peut avoir un impact humain, économique et environnemental important.
Le circuit court, ce n'est pas de la petitesse, c'est un choix délibéré et sensé.
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