26 octobre 2011

Poivrons

Quand je disais que les poivrons d'épicerie étaient de bien tristes stéréotypes de ce qui existe dans la nature...
Pour voir l'ensemble de la série «Légumes», cliquez ici!

22 octobre 2011

Enjeu : la beauté

Rabioles
Étonnant sujet, que la beauté dans le monde agricole... Or la beauté a toute sa place dans le cadre d’une réflexion sur l’agriculture et ses méthodes puisqu'elle est déterminante pour plusieurs pratiques de l'industrie. Telle qu'elle a été graduellement définie par le marketing et la mise en marché, exacerbée par la concurrence entre les producteurs eux-mêmes, les distributeurs et les marchands, la beauté de nos légumes est devenue trompeuse. 

Derrière l’apparence

Rigoureusement détaillés, les standards de taille, de forme et d'apparence qui sont appliqués mondialement constituent un carcan sérieux pour les agriculteur de partout. L'exigence est celle-ci : produire des légumes uniformes, sans courbes inattendues, sans tache, bref sans surprise. Entre autre parce qu'on peut mettre plus de concombres dans une caisse s'ils sont tous droits et environs de la même taille, aussi pour mieux mécaniser et automatiser les différentes étapes de production des légumes. Ensuite viennent les histoires de brevets et de semenciers qui fournissent le monde entier... Mais je n'irai pas dans cette direction pour l'instant. Restons en à l'uniformité exigée des légumes qui seront vendus.

La «belle» régularité des tailles et des formes qu'on trouve sur nos étalages est le résultat d’un tri extrêmement sévère au moment des récoltes, de l’utilisation massive de pesticides de synthèses et d’une sélection des variétés cultivées basée sur des critères associés à l'industrie à grande échelle comme la résistance au transport.  Or chacune de ces opérations a des effets pervers importants.

L'incroyable diversité des plantes et de leurs variétés a été sacrifiée pour uniformiser les méthodes de culture et de mise en marché tout en maximisant le transport des légumes. Peut-être était-ce la foi en la science, la conquête des marchés par les semenciers maintenant extrêmement puissants, l'inconscience de l'étendue des transformations que l'on faisait subir à biodiversité, mais nous ne pouvons contourner un troublant constat fait avec Équiterre :  ce sont les mêmes types de légumes qui sont cultivés et vendus en Amérique du Nord et en Europe. «L'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que 75% des variétés agricoles cultivées dans le monde ont disparu depuis 1900». (Équiterre, Les impacts négatifs de notre système alimentaire actuel, Avril 2007, p.5) La sur-représentation de certains types de légumes entraîne une fragilité certaine en terme de production alimentaire et la dépendance aux produits chimiques de synthèse conçus pour contrecarrer cette vulnérabilité. La diversité a toujours été gage de sécurité, il est étonnant que l'humanité s'en éloigne dans le domaine agricole.

Libres de cultiver les légumes qui leur plaisent, les producteurs maraîchers indépendants font souvent la culture de variétés moins communes, qu'elles soient mieux adaptées à l'environnement immédiat ou tout simplement délicieuses.  C'est ainsi que vous pouvez trouver des variétés de courgettes très tendres, mais très fragile dans des marchés publics et jamais à l'épicerie. Il y aura aussi des légumes méconnus qui poussent à merveille dans les terres du Québec comme le chourave, le pourpier, la rabiole et des laitues aux feuillages comme vous n'en aurez jamais vu!

Par ailleurs, l'exigence de légumes impeccables en surface justifie, dans les champs, l'utilisation de pesticides puissants dont on comprend en partie les impacts négatifs sur l'environnement mais dont on discerne difficilement les conséquences sur la santé humaine… De plus, les standards de beauté impliquent aussi une catégorisation des légumes selon leur apparence, poids et forme qui induit un gaspillage désolant en rejetant des légumes tout à fait sains du réseau de distribution. Un rapport de la FAO sur le sujet - Global food losses and food waste, FAO, 2011- indique que dans le cas des cultures de fruits et légumes, ce sont environs 20% des récoltes qui sont perdus avant même de quitter la ferme en Europe et en Amérique du Nord. La principale raison invoquée : les standards d'apparence des supermarchés! Le tri et le rejet se continuent jusqu'au panier d'épicerie puis à la maison. Au total, un peu plus de 50% des fruits et légumes récoltés en Amérique du Nord ne nourriront personne, perdus ou gaspillés entre les champs et le dépotoir, en grande partie à cause de nos standards de beauté.

Gaspillage, pollution et disparition de la biodiversité sont donc quelques impacts de l’idée bien contemporaine que nous avons de la beauté des légumes. Déconnectée de ses conséquences et définie par des contraintes purement techniques du système de distribution, la beauté des rayons de légumes des grandes épiceries m’apparaît donc comme une chose bien étrange.

Une beauté à réapprendre


Les maraîchers bios présentent souvent des légumes aux formes étonnantes et font preuve d'une grande souplesse devant l'allure de leur produit. Leur client doit faire de même et ce n'est pas toujours évident, question d’habitudes et de croyances. Or le goût impeccable des carottes tordues et la saveur des feuillages parfois piqués saura convaincre ceux qui y goûteront que la qualité est au rendez-vous malgré ces prétendus défauts!



Le choix de vendre directement ses produits aux clients permet aux agriculteurs de déterminer eux-même leurs critères de beauté, certainement aidés par le lien de confiance qui s'établit les cultivateurs et les mangeurs qui se rencontrent. C'est ainsi que le bio de petite échelle accepte tout simplement les formes étonnantes,  les courgettes de toutes grandeurs et les feuillages imparfaits. 

Je crois qu'il faut dépasser nos habitudes et faire confiance aux agriculteurs qui nous proposent des légumes francs, de toutes formes et toutes couleurs, parfois imparfaits, parfois magnifiques. Il faut oser, car ils ne nous cachent rien. Ces légumes sont sains, savoureux et tout à fait normaux.

J'ai voulu vous parler de beauté pour vous dire que des légumes croches, c'est joli et que ça goûte tout aussi bon que ceux qui ressemblent à des dessins du dictionnaire. Si pour moins gaspiller et épargner nos rivières il faut accepter les formes étonnantes... pourquoi pas?


Pour lire toute la série Enjeux, cliquez ici!

11 octobre 2011

Couleurs d'automne

Avec le froid, les plants s'éteignent, un à un. Les tomates cerises font taches de couleur sur des tiges décharnées. Les plants de concombre étiolés un peu plus chaque jour fleurissent encore à quelque endroits. Des concombres seuls sur leur tige attendent la suite des choses, indifférents à leur décor. 


L'automne est aussi d'une fraîcheur aimée par plusieurs plantes comme les brocolis, choux, rutabagas et betteraves. Sous leur couette, les bockchoys sont magnifiques et, au ciel, les feuilles des arbres fascinent le regard.




09 octobre 2011

Les repères : désherbage

Si le temps du désherbage est plutôt passé, il n'est pas trop tard pour en parler! Ce tableau présente les principaux aspects de cette étape cruciale de l'agriculture biologique bien différente du désherbage chimique fait par l'épandage de pesticides de synthèse puissants. Je dois mentionner que la structure du tableau et une partie de son contenu est largement inspirée de l'excellent travail d'Anne Weill, Jean Duval et du club Bio-Action dans leur guide «Le maraîchage biologique diversifié : Guide de gestion globale» édité par Équiterre en 2009.


Pour avoir une vue d'ensemble des étapes de travail 

03 octobre 2011

Nouveau regard

Récolter. Le mot évoque la fin, la joie, l'essentiel. Or après avoir vu tout le travail fait pour y arriver et le travail qui la suit, je comprends que la récolte est symboliquement puissante, mais pas centrale.

Il y a quelque chose de miraculeux à voir sur les tables tout ce que nous pourrons finalement manger, certes. Mais dorénavant, la récolte, je la mettrais quelque part entre des jours de labeur tout en nuances et en étapes. Planifier, entretenir, s'équiper, semer, arroser, désherber... Ensuite seulement vient la récolte qui ne termine rien, mais ouvre un autre cycle où l'on nettoie, conserve et transporte jusqu'aux mains de ceux qui mangeront.


La récolte s'attache à un émouvant effort de la vie qui se perpétue dans un cycle où le fruit deviendra fleur puis graines à disperser au vent. Elle doit sa possibilité même à l'énergie déployée par les plantes pour se reproduire. Parce qu'au fond, un légume, c'est le passage nécessaire à la survie de l'espèce et c'est l'enveloppe qui porte les graines et la matière pour les faire germer.

Laitue en fleurs